Se reconstruire avec l’animal

L’installation d’un « département de Médiation Animale » à la maison d’arrêt de Strasbourg a permis l’accessibilité à cette nouvelle approche : donner des soins aux animaux,  nettoyer leurs cages au sein du local pendant un créneau horaire défini.
Un vétérinaire attitré  s’occupe de la bonne santé des animaux.

Les animaux présents sur place : des cochons d’Inde, des lapins, des hamsters, différents oiseaux, des chinchillas etc…Et la venue extérieure de chiens et de chats.

Chaque personne détenue est référente d’un animal et a donc un créneau d’une heure dans la journée pour venir s’en occuper dans le local et ceci tous les jours…

Comment procède-t-on ?

Une personne incarcérée inscrite à la médiation animale à la prison de Strasbourg peut devenir référent d’un animal vivant sur place mais peut aussi être accompagnée en individuelle ou en groupe. La séance de médiation sera différente selon le type de suivi et des objectifs. Accompagnés de nos animaux partenaires, chiens, chats mais aussi lapins, cochons d’inde, chinchillas, gerbilles, oiseaux, nous voyons la personne une fois par semaine …Chaque animal amenant sa spécificité, son authenticité en tant qu’espèce mais aussi en tant qu’individu. Les animaux facilitent la relation, la parole et la construction d’un lien de confiance avec le détenu qui va permettre d’enclencher un travail sur lui. Ce travail sera accompagné par une intervenante en Médiation animale qui est également coach certifié.

Pour certains d’entre eux, une formation qualifiante d’une durée de trois mois sur la connaissance et le soin des petits animaux domestiques leur sera proposée. Ainsi, un détenu suivant notre programme pourra bénéficier de la MA, d’une formation et d’un accompagnement individualisé pendant sa détention (pendant au minimum 6 mois).

« Je ne savais pas que je pouvais être doux, gentil, que je pouvais travailler sur moi-même »

Ce témoignage d’un détenu illustre bien notre impact car il bouscule les préjugés : être incarcéré est  la punition infligée par la société mais le détenu est avant tout un être humain qui redeviendra citoyen. L’Animal réveille les consciences des détenus soi-disant considérés comme « perdus » par la société, qui retrouvent néanmoins leur part d’humanité grâce à l’animal. 

Mais nous nous sommes rendu compte que la sortie de prison est une vraie rupture car la personne n’est pas outillée pour son retour dans la société. En effet, elle risque de réintégrer le milieu où elle était, de renouer avec d’anciens contacts, et de reprendre des habitudes qui la ramènent à nouveau vers la délinquance.

Ainsi cette évolution des objectifs nous a conduit à réfléchir et à enrichir notre programme …

Il consiste en la poursuite de notre action à la sortie de prison avec la présence de l’animal en tant que facilitateur de la réinsertion des personnes ex-détenues et de leur retour à la citoyenneté. Cet accompagnement permet de recréer du lien social, de vivre-ensemble et de tendre vers la responsabilisation pour enclencher la volonté d’entreprendre et de participer à leur réinsertion.

Ce travail sur le respect de l’autre, sur les représentations, la gestion des émotions et sur l’impulsivité, renforce les compétences émotionnelles et relationnelles de la personne qui permettront de diminuer le risque de réitération d’actes violents.

Programme « Se reconstruire avec l’animal »

A sa sortie de prison, l’association Evi’dence lui proposera la continuité de cet accompagnement (Médiation animale, coaching, mise en pratique de la formation théorique) sur une durée moyenne estimée entre 3 et 6 mois.

Le partenaire principal sera « Lianes » association d’insertion qui accueille déjà des animaux des personnes en détention ( projet de parloirs animaux/détenus pour maintenir le lien). Nous disposons d’un local chez eux pour installer notre animalerie de petits animaux (rongeurs, NAC) géré par les détenus sortants (entretien des cages, nourrissage, nettoyage des lieux, création d’un lien de confiance et rencontre d’autres publics sur place). Nous superviserons l’animalerie et l’activité des détenus sortants de prison

Avec sa large palette de possibilités, ce lieu permettra au bénéficiaire la « reconnexion » à la vie en toute conscience et responsabilité en le plaçant dans une nouvelle dynamique.

Ainsi, dedans et dehors il aura notre association comme repère et aide à son développement personnel, comme activité utile auprès des animaux, comme lieu de socialisation et d’essais erreurs accompagnés. 

De plus, l’animal n’est pas considéré comme un outil au service de l’humain, mais reçoit autant qu’il donne, se reconstruit en même temps que le détenu. Une charte a été établie afin de respecter leurs besoins fondamentaux, son application étant suivie par des professionnels extérieurs (éthologue, comportementaliste, juriste du droit animal, vétérinaire référent)

Ainsi, nous reconnaissons l’Etre humain dans sa globalité en prenant sa reconstruction personnelle comme un élément fondamental de sa réinsertion et l’animal est considéré comme un être sensible à part entière et non comme un outil.

En poursuivant ce travail de reconstruction animal-humain à la sortie de prison, les ex détenus participeront à la transformation et l’évolution positive du lien humain-animal  avec un impact sociétal.