Les enfants et adolescents

L’animal dans l’imaginaire de l’enfant et la médiation animale

L’animal dans l’imaginaire de l’enfant et la médiation animale

Les enfants sont souvent attirés par les animaux, la plupart des jouets sont des reproductions d’animaux. L’animal participe ainsi activement au développement psychomoteur du jeune enfant.

Le  potentiel de développement se révèle lorsque l’enfant voit un animal, lorsqu’il peut le caresser, jouer avec lui, lorsqu’il est sollicité par l’animal, lorsqu’il va volontairement vers lui.

Les   séances de « médiation animale » sont conçues  en fonction des objectifs visés, de l’âge, des possibilités et du souhait de l’enfant.  A la base,  il y a un cadre à respecter : un espace dédié et rassurant, des référents confiants et des consignes de sécurité. Ainsi nous expliquons à l’enfant avec l’aide de son accompagnant comment s’approcher de l’animal, de quelle manière on peut appréhender et toucher l’animal.

L’animal apporte des sensations, des émotions et  il apaise. L’amour inconditionnel de l’animal permet à l’enfant de se sentir aimé et valorisé, ce qui favorise la construction de son image de soi et la confiance dans le monde qu’il perçoit autour de lui.

Les bénéfices de la Médiation Animale sont multiples, elle aidera l’enfant à :

  • Connaitre et découvrir des animaux
  • Améliorer et augmenter  la concentration, son attention
  • Créer des liens affectifs
  • Stimuler tous les sens
  • Coordonner la motricité fine
  • Apprendre de façon positive et ludique
  • Développer l’imagination et la créativité
  • Favoriser les interactions avec l’entourage.
  • Diminuer  l’impulsivité, l’anxiété ou l’agressivité
  • Apprendre à respecter l’autre
  • Apprendre à respecter un cadre et à intégrer des règles de société
Sunny avec un jeune

Découverte des animaux et découverte sensorielle par l’animal

Les enfants à l’école (Prévention de la morsure)

La plupart du temps,  la méconnaissance du comportement du chien empêche les personnes d’identifier des situations potentiellement dangereuses. La formation « prévention morsure » permet de les sensibiliser aux éventuels comportements  du chien, de leur enseigner les bons gestes, les bonnes postures pour leur éviter tous risques de morsures.

Notre but est d’être interprète entre  deux espèces différentes qui parlent un langage différent.

Ce programme d’intervention et de prévention utilise l’attrait et le potentiel de stimulation et de motivation de l’animal familier et peut se décliner en primaire et à tous les stades de l’enseignement.

Les enfants polyhandicapés en IME (handicap mental et /ou moteur)

Pour les enfants polyhandicapés, l’animal est une « motivation extrême » à l’effort physique. C’est un excellent partenaire!

Il est important, par contre, de choisir l’animal qui nous accompagnera en fonction du rythme psychomoteur de chaque individu et des objectifs fixés.  Les  possibilités de stimulations qu’offre chaque espèce sont multiples…Tous les sens peuvent être travaillés  au contact de l’animal mais aussi grâce au matériel nécessaire à leur présentation. Le choix de l’individu (travailler avec le chinchilla ou la tourterelle par exemple) mais aussi de la brosse, du jouet, de la friandise (texture, grosseur etc.. ) sont donc primordiaux.

A nous, en tant que professionnels, de trouver le partenaire à poils ou à plumes le mieux adapté,  et l’exercice à mettre en place afin d’atteindre les objectifs proposés. L’intervention sera donc différente  si l’on cherche à travailler les mouvements volontaires, la coordination entre le regard et le geste ou la frustration par exemple.

La motivation peut souvent manquer chez des enfants poly handicapés qui doivent travailler régulièrement  avec un professionnel.

La présence des animaux, va donc stimuler l’effort physique. Brosser un chien ou lui lancer sa balle est autrement motivant qu’une simple demande « mécanique » ( « ouvre ta main » ou « lève ton bras »…).  Cela devient une action orientée vers un but, ce qui est d’autant plus stimulant pour l’enfant qui se voit ramener sa balle par le chien!

Tous les efforts qu’il a déployés pour la lancer ou pour donner une friandise à l’animal, sont récompensés…

Et n’oublions pas que si la présence animale permet « juste » le sourire d’un enfant, c’est déjà le début du bonheur pour nous aussi…

Les enfants atteints de mutisme sélectif

Qu’est-ce que le mutisme sélectif ?

« Le mutisme sélectif est un trouble anxieux de l’enfance caractérisé par une incapacité régulière de l’enfant à parler dans des situations sociales spécifiques, telle que l’école.  Toutefois, l’enfant est apte à parler dans d’autres situations où il se sent confortable.  Le mutisme sélectif se caractérise par une timidité paralysante lorsque l’enfant doit parler dans des situations spécifiques. L’enfant devient souvent dénué d’expression et d’émotion et est souvent isolé socialement.  La phobie sociale est associée à ce trouble dans plus de 90% des cas.  Bien que difficile à évaluer, les recherches récentes estiment la prévalence à au moins sept enfants sur mille.

Pourquoi un enfant développe le mutisme sélectif ?

L’enfant atteint de mutisme sélectif démontre souvent des signes d’anxiété élevée dès la petite enfance, tels que : l’anxiété de séparation, des crises de colère, du négativisme, des problèmes de sommeil et une gêne excessive.  Bien que 20 à 30% des enfants atteints de mutisme sélectif aient des problèmes de langage associés, l’anxiété demeure la cause sous-jacente du mutisme.  Une prédisposition à la gêne et à l’anxiété, additionnée au stress de devoir parler (insécurité au niveau des habiletés), peut entraîner un niveau accru d’anxiété et mener au mutisme.  Le mutisme sélectif n’est pas causé par des troubles d’apprentissage, des troubles envahissants du développement, l’autisme ou autres retards de développement.  De plus, rien ne démontre que le mutisme sélectif soit lié à l’abus, la négligence ou à des traumatismes. »

Quelles sont les caractéristiques comportementales ?

Les enfants atteints de mutisme sélectif présentent des problèmes significatifs d’inhibition et d’incapacité à parler dans des situations sociales spécifiques.  Des plaintes psychosomatiques sont fréquentes dans les contextes scolaire ou social, telles que maux de ventre, nausées, vomissements, diarrhées, maux de tête et autres.  L’évitement du contact visuel, le retrait physique et l’immobilité sont également fréquents pour ces enfants en milieu scolaire.  L’enfant aux prises avec le mutisme sélectif ne parle pas puisque la parole accentue son anxiété.  L’enfant ne peut simplement pas parler, mais vient à bout de participer de manière non verbale et communique par des gestes.  Dans certains cas, il apprend à murmurer.  Les relations sociales sont très difficiles puisqu’il éprouve énormément de difficulté à initier les relations et demeure très lent à réagir tant verbalement que non verbalement.

Que faire?  Acceptation et patience !

Le processus thérapeutique doit se faire progressivement avec patience et acceptation.

Il importe de ne jamais forcer l’enfant à parler.  Communiquer votre présence à l’enfant et passer du temps seul avec lui afin de l’amener à parler de ses sentiments.

Un diagnostic et un traitement adéquat, de la patience et de l’acceptation améliorent le pronostic à long terme. »

Comprendre le mutisme sélectif : Quand les mots ne veulent simplement par sortir »

Annick Hébert, psychologue

Approche du "mutisme sélectif" par la médiation animale:

Nous sommes le 24 Juin 2008, j’arrive chez Agathe accompagnée de Zoé, un Golden Rétriever âgée de 9 ans (maman de Sunny). Agathe  est dans sa chambre, assise par terre, les bras croisés autour de ses genoux. Elle garde les yeux au sol.

Je parle à Zoé, joue avec elle et laisse ses jouets et brosses à disposition d’Agathe qui n’y touche pas. Je lui explique (en parlant toujours à zoé) pourquoi nous sommes là, d’où vient Zoé…

Puis, je commence un jeu avec la chienne (cache-cache). Agathe « se réveille », commence à sourire puis à rire aux éclats. Elle se rapproche de plus en plus de Zoé et finit même par la toucher! Au bout du 3ème jeu, c’est Agathe qui cache la balle. Elle lui donne une friandise. Je me risque à poser une question directement à Agathe en fin de séance : As-tu aimé l’activité ? Agathe mime un « oui » de la tête en bougeant ses lèvres. Veux-tu que Zoé revienne ? Même réponse. Je lui demande de la garder le temps que je parle à sa maman, et je la félicite en partant.

Les parents d’Agathe m’ont contacté quelques jours auparavant, me demandant de rencontrer leur fille, présentant tous les signes du mutisme sélectif (Agathe ne parle qu’à ses parents). Nous décidons ensemble de la voir une heure toutes les semaines.

01/07/08

Aujourd’hui, Agathe m’attend avec sa maman derrière la porte d’entrée. Sa maman me dit qu’elle attendait avec impatience la venue de Zoé et a rajouté que « Zoé n’était pas un chien comme les autres ». Agathe la guide dans sa chambre et le contact se fait de suite. Câlins, caresses. Agathe cherche elle-même dans le sac de Zoé. Elle rit aux éclats et se montre très expressive, autant avec son corps qu’avec des bruits ou des mimes de réponses (soit avec la tête, soit sur les lèvres). En fin de séance, je rassemble les affaires de Zoé et part à la recherche d’un jouet manquant. Je demande bien sûr où il se trouve à Zoé et Agathe se lâche d’un « làaaa », en le pointant du doigt…

15/07/08

Aujourd’hui, Agathe fait la connaissance de Sunny. Je lui explique d’où il vient, ce qu’il fait et le « problème » qu’il va rencontrer au mois d’octobre quand sa maman partira. (Zoé doit repartir au Québec chez sa maîtresse). Agathe « l’adopte » très vite, le touche, le sert, le caresse, le brosse, cherche où jouer et à communiquer à sa manière.Elle émet beaucoup de sons aujourd’hui (imite les ronflements, tape du pied, fait oui ou non de la tête). Agathe cherche même les limites aujourd’hui. Elle me teste en gardant la brosse par exemple ou en prenant mon sac lorsque je lui annonce mon départ. Elle le garde contre elle, ne veut pas me le rendre. Rit beaucoup.

22/07/08

Agathe est derrière la porte et « accueille » Zoé par des caresses. Elle l’emmène dans sa chambre. Elle rit déjà, ouvre son sac «  tout énervée ». Elle en sort les brosses, les jouets. 1er jeu avec un cube « aux animaux ». Le but est d’imiter le cri de chacun. Agathe s’exécute parfaitement. Elle rajoute même d’autres cris d’animaux non présents sur le cube. Très expressive à nouveau dans sa gestuelle, ses cris, ses imitations.

Les semaines passent et Agathe évolue de plus en plus vite. Elle fait la connaissance avec mes autres animaux également (tourterelles, cochons d’Inde, lapin, furet etc…)

Le 1er Octobre, je démarre la séance avec Agathe et  je prétexte de ne plus savoir le nom de son lapin (elle a un lapin depuis quelques jours). Et voilà qu’elle me dit « OWEN » puis elle le suit d’un « attention » pour Zoé. J’ai également entendu « oh non » et quelques bribes de mots…

Une petite porte s’est ouverte, j’espère qu’elle ne se refermera plus…

Lors de notre 14ème RDV, le 14 Octobre 2008, c’est le « déclic »!

Cette journée restera gravée toute ma vie dans ma tête… Je n’ai pas vu Agathe la semaine passée et appréhende de savoir si la petite ouverture qu’elle m’a laissée voir la semaine dernière, ne s’est pas refermée.

C’est donc un peu anxieuse que j’arrive chez Agathe. Je lâche Sunny dans le couloir. Il se précipite dans la chambre avec Agathe et là c’est le « déclic »:

« Comment vas-tu Sunny ??  Je sais que tu es triste…Tu as laissé ta maman. Mais je suis là, t’inquiètes pas…. » 

Cette petite fille que je côtoie maintenant depuis 4 mois m’autorise à entendre le son de sa voix. Quel beau cadeau Agathe!!

Un jeu de rôle se met en place entre elle et moi. Elle prend la parole d’une peluche et moi du cochon d’Inde et la discussion ne s’arrête plus. Ce sont des flots de paroles comme si Agathe m’avait toujours connue, comme si elle m’avait toujours parlé ! Nous n’avons pas utilisé la parole jusqu’ici mais nous communiquions, j’en suis persuadée.

Agathe soutient le regard, me parle ou plutôt parle à  la tourterelle, d’événements ou de faits qui se sont passés avant. Pour moi, il y aura un « avant » et un « après » le 14octobre.

Prochain objectif : qu’elle puisse parler avec d’autres personnes, à l’école et travailler la lecture et l’écriture.

Au mois de Décembre, Agathe parle à tous les membres de sa famille, sa « nounou » et s’arrête de moins en moins de parler lorsqu’il y a du monde à côté d’elle…

Au mois de Février, nous commençons la « réintégration scolaire ».

Les séances se passent donc tout d’abord, dans sa salle de classe vide, puis avec la présence de la maîtresse dans le couloir ou la pièce d’à côté.

La présence des animaux va permettre à Agathe d’accepter petit à petit le son de sa voix en présence d’autres personnes. Cette présence va également l’apaiser et donc diminuer son angoisse.

Le travail s’arrêtera au mois de mai car la maîtresse attend un heureux évènement…

Nous reprenons au mois de septembre avec son nouveau maître. Agathe est au CE1; Elle évolue maintenant à toute vitesse! Au bout de 3 séances, Agathe se met à parler à un camarade de classe pendant une séance et en présence de son instituteur. Puis le nombre passe à 2, 3 et aujourd’hui, ils sont au nombre de 8 à avoir pu parler avec elle.

Agathe parle d’une voix normale et distincte malgré la présence du maître dans la salle de classe fermée. Elle est de plus en plus à l’aise.

Que de progrès en un an…Mais le travail continue!

Merci Agathe…

Un grand merci également à l’école et à son instituteur pour sa collaboration active…

Nos actions auprès des adolescents

Les adolescents déficients intellectuels présentant des troubles du comportement et de la conduite avec déficience intellectuelle ou non  ( IMPRO ou ITEP)

Pour des enfants ou adolescents souffrant de troubles émotionnels, vivant séparés du milieu familial et sujets à de nombreuses crises, la médiation animale peut être une méthode complémentaire à celles déjà en place.

Des bénéfices cliniques ont été observés après intégration d’animaux dans les programmes de traitement. Le comportement animal, par l’absence de jugement, une loyauté indéniable, l’amour et le contact physique, est d’un apport essentiel.

Le jeune abandonne ainsi plus facilement ses défenses. Grâce à ce détachement, l’intervenant peut établir plus aisément une relation avec l’enfant et l’aider à cheminer en analysant son rapport à l’animal. Ce dernier aide l’enfant à se concentrer et apporte beaucoup de marques d’affection.

Pour aider les enfants souffrant de Déficit d’Attention et d’Hyperactivité, l’intervenant s’emploie à tempérer les comportements impulsifs du jeune en lui permettant de canaliser ses pensées:

Il va lui proposer par exemple des exercices d’éducation  du chien  ou une manipulation de  la tourterelle (la faire monter sur un bâton ou sur sa main sans que l’oiseau s’envole).

L’enfant ne doit pas faire de gestes brusques, ne doit pas crier ni être violent pour se faire comprendre de l’animal et ne pas l’apeurer. Les enfants souffrant de DAH sont très impulsifs et incapables de porter attention, ils ont très peu d’habilités sociales et ont de la difficulté à s’entendre avec les autres. Ils sont souvent plus agressifs. L’animal apaise et calme …

Dans ce cas, le but de la médiation animale est d’aider le jeune à trouver « ses propres outils » pour mieux fonctionner en société. L’enfant doit utiliser ses forces pour améliorer ses problèmes de dysfonctionnement.

La présence d’un animal facilite l’apprentissage de certains comportements. Il permet également à l’enfant un échange de caresse et d’affection dont il a besoin. Un animal est toujours prêt à donner de l’amour, il ne juge pas. Il améliore l’aspect relationnel en donnant des outils de communication et en travaillant à maintenir ceux déjà en place.

L’animal augmente également l’autonomie et la responsabilisation du jeune

Approche par la médiation animale (adolescents)  Sans parole !

L’équipe des Intervenants en Médiation Animale (à deux et quatre pattes) vient visiter de jeunes adolescents présentant des troubles du comportement et de la conduite.   Ces derniers sont assis en cercle et sont au nombre de dix.

Les activités commencent avec un Golden retriever de cinq ans qui va faire le tour de chaque jeune afin « de faire plus ample connaissance ». Séance de brossage puis de jeux.

Je suis assise à côté de M. jeune garçon de 11 ans souffrant du syndrome d’alcoolisme fœtal (présentant des désordres cognitifs et comportementaux, troubles de la vision, retard mental etc…). Il garde la tête baissée et ne réagit pas par rapport à ce qu’il se passe devant lui. Vient le tour de l’oiseau. M. reste toujours aussi « inactif ».

Et enfin, c’est au tour du chat à faire connaissance avec les enfants. Ils se le « passent » de genoux en genoux. Arrivé chez M. ce dernier se met à pleurer. Pensant que le chat lui avait peut-être fait mal avec ses griffes, je décide de lui enlever et là, il me retient le bras en m’expliquant qu’il aimait beaucoup les chats et qu’il en avait un quand il était petit et cela lui rappelait beaucoup de souvenirs…

Mais voilà que les éducatrices, présentes lors de la séance, sont également très émues et nous confient que ce jeune M., présent depuis plus d’un an dans l’établissement, n’avait jamais parlé auparavant…Les psychologues ont pris le relais et ont pu démarrer un travail thérapeutique, suite à cet évènement.

Les exemples sont nombreux, comme encore ce jeune de 13 ans présentant de nombreux troubles affectifs et comportementaux, qui est resté dans l’isolement durant pratiquement 10 mois et qui a fini, au fil des séances de « médiation animale », à prendre de l’assurance et à s’affirmer petit à petit.

Aujourd’hui, il donne même des conseils à ses camarades pour l’exécution des exercices et prend beaucoup d’initiatives.

Il n’y a pas de miracle mais beaucoup de grands bonheurs….